Et puis funambulist ... mais aussi aux portes de l'oubli, et en fin de compte qui est actuellement en mode veille...


03/01/2011

Le facteur ne sonne qu'une fois !

 
Saint-Corneille - samedi 29 avril 2000
                   
             

10 commentaires:

  1. Un hameau de rien, une petite église, deux fermes plus une en cours de "restauration".
    Coincé entre deux villages de pas grand chose et une autoroute pour que les gens des villes n'oublient pas qu'ils peuvent s'évader, avec autorisation, et constater qu'il existe une campagne sans grande particularité, mais avec de l'herbe.
    Quelquefois il ne pleut pas, il peut même y avoir du soleil et puis des nuages dans le ciel pour faire joli... mais ça ne suffit pas, ça reste la campagne, une campagne, avec des chemins de terre, des barrières déglinguées plus ou moins rafistolées, des prés, des champs, des vaches, des cochons... et même des paysans pour faire habité.
    Quel intérêt à photographier "ça" ? Pas de quoi faire les pieds au mur me direz-vous... Effectivement... et en noir et blanc en plus ! De quoi dégoûter le "citadin" de venir un jour voir qu'existent d'autres choses que Paris, que les Villes, que les Banlieues, que la Défense, que les Bureaux où l'on ne se rend plus compte de rien, que les Grandes Expositions, que les Salons, fussent-ils de l'Agriculture...
    Là, il n'y a ni Twitter, ni Facebook... Le "temps réel" c'est le temps - le "vrai" temps, puisque maintenant, pour chaque chose existent le "vrai" et "l'autre" auquel on a pas encore trouvé de nom "emblématique" - qu'il faut pour aller dans les champs, à pied ou en tracteur. Les boîtes à lettres sont en ferraille, tiennent le choc, résistent avec deux bouts de ficelle ou un gros élastique... elles n'ont pas cette ligne si délicieuse des boîtes à lettres de l'Amérique du Nord... à vrai dire, elles sont "vulgaires"...

    Peut-être que la photographie alors ne sert à rien d'autre qu'à enregistrer, dans un silence religieux, ce qui ne fait que survivre...?

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  2. Découvrant que la photographie sans commentaire entrera dès le soir même en dialogue avec son auteur ( ou inversement d'ailleurs ) , le visiteur risque fort de rester en retrait volontaire pour savourer ( mais pas seulement, écouter et réfléchir aussi )tout ce que détenait ce rectangle 24x36, sa genèse. Ce n'est pas une double vue, c'est une vue claire, qui donne lecture de la photographie et de l'auteur.
    Les boites à lettres américaines ne sont pas délicieuses, elles sont exotiques, c'est une différence. Aujourd'hui nous rêvons de contrées formidables où l'on sera transporté en un temps record. Recordmen du temps notre credo ;).
    On se souvient des "Paysans" de Depardon bien sûr.
    Un silence religieux...peut-être, mais méfions-nous d'un regard trop angélique.
    Alors la question : "quel intérêt à photographier ça ?" Le même intérêt, exactement, que la photographie d'une pancarte annonçant du "pigeon frit", ou celle d'une voiture oubliée à Berlin : on redessine le monde qui nous entoure. Tout l'intérêt de découvrir comment tu redessines le monde ;).

    Sylvie

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  3. Pour compléter le très beau texte de Sylvie, je dirai que tu ne redessines pas le monde, car le hors-champ existe.Mais tu nous offres à voir et à regarder sur une palette soigneusement ou plutôt attentivement préparée ton Réel et c'est surement le plus beau geste du photographe.

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  4. Sauf Tati !
    Et si on écoute bien on entend les abeilles…

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  5. Merci d'être intervenu(e)s et d'avoir apporté quelques pierres à cette question, en réalité multiple, "Pourquoi le paysage ?", "Qu'est-ce qu'un paysage naturel ?", "Comment représenter ce type de paysage ?", "Que raconte-t-on, de soi, en montrant un paysage naturel ?"... Bon je m'arrête là... je sais que le paysage naturel en noir et blanc est celui qui est le moins "goûté" en général, peut-être parce que c'est le plus difficile (rébarbatif diront certains) d'accès... il n'y a souvent pas d'anecdote ou détail sur lequel on puisse facilement s'accrocher et "partir".

    On en reviendrait dans le fond toujours à la même question et à la même réponse, "Qu'est-ce que la photographie ?" "Notre vision du monde, dans un rectangle ou un carré, prélevée dans le réel et montrée à notre façon"... c'est un peu ça , non ?

    P.S. Tu as raison Christian, on entend les abeilles...

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  6. J'entends le champs de l'alouette, rythmé par le son de la cloche 3 fois par jour, début, milieu et fin de journée.
    Rien n'est plus beau qu'un paysage en noir et blanc.

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  7. Quel lapsus? On sait bien que l'alouette vit dans les champs, mais là, vous l'aviez bien compris c'était le chant.

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  8. "Qu'est-ce que la photographie ?" "Notre vision du monde, dans un rectangle ou un carré, prélevée dans le réel et montrée à notre façon"... c'est un peu ça , non ?

    La photographie est peut-être l'échange entre un être et le monde, échange incessant et sensible de révélations successives, le photographe découvrant par ses photos autant que ses photos le découvrent, par l'acte même de photographier comme par l'image révélée. Avec beaucoup d'humour , tu disais que le photographe était un peu "roi du monde", mais oui, n'hésitons pas une seconde : on devient roi d' un œilleton de moins de 1cm2 ou d'un écran LCD 13 pouces au prix d'une grande concentration ( c'est très abordable la concentration ) et du goût pour la marche en solitaire ( aux aguets, activité déconseillée aux êtres farouches pour risque d'accoutumance ). C'est magique et sans risques pour les autres résidents, il faut le reconnaître, 100% démocratique ! Avec quelle liberté nous évacuons hors cadre ou pointons précisément, dans le mille, un élément, un paysage, une silhouette. Alors pour compléter de manière non définitive ta définition Alain, je dirai que c'est , non pas seulement notre vision du monde mais notre vision de nous au monde, et peut-être de tout ce que nous ne voulons/pouvons pas dire avec les mots. Comment ça c'est pareil ? Non, je voulais juste introduire cet aspect de la réflexivité ;))
    Leibnitz écrivait que le monde était tout entier en nous mais que nous ne pouvions en restituer qu'une partie infime . Peut-être est-ce aussi cela la photographie, d'infimes parties, des monades en vadrouille ;).
    Mais la photographie c'est aussi se frotter ( même de manière inconsciente ) à une tentative esthétique, à l'agencement de droites et de courbes, de gris ou de couleurs dans un cadre. On ne photographie pas en N&B comme on photographie en couleurs. Non ?
    Tout cela est bancal et peu clair, je le reconnais volontiers. ;)
    Sylvie

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  9. Non, rien n'est bancal (heureusement que je reviens pour te détromper... bientôt on pourra tenir salon à trois ou quatre et l'affaire sera pliée !... non c'est vrai je ne suis pas optimiste ;)) c'est parfaitement développé et clair.
    Je n'ai pratiquement rien à ajouter (si, quand même, dans mon état j'étais plus réceptif à Albeniz qu'aux monades de Leibnitz ;)) si ce n'est que l'aspect "monde/vision du monde/le monde en nous" nécessite pour s'exprimer efficacement cette tentative esthétique d'agencement(s) que tu évoques au final, et ne devrait pas s'en distinguer... enfin, il me semble ?

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  10. Bonsoir Alain,

    Plaisir de te re-lire ;)
    Bien sûr, l'esthétique ne doit/devrait pas se distinguer du propos, fond-forme, mais simple petite expérience personnelle et forcément limitée, il me semble que cela ne va pas immédiatement de soi : trouver la juste forme pour son propos. En résumé, ma lenteur a demandé trois ans d'expérience pour comprendre et utiliser en parfaite conscience la lumière et les couleurs, leurs variations.

    Mais, pour relancer notre petite discussion, nous parlons là d'une certaine forme de photographie. Quelles sont les préoccupations, objectifs d'un photographe de paysages, ou de mode, ou de la faune, etc ? ... Ou encore d'un photographe optimiste ? ;-)
    Belle soirée.

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