07/12/2013
Si loin, si proche
Jeudi 3 octobre 2013, Cerbère, Hôtel du Belvédère du Rayon Vert. Carlos d'Alessio serait déjà au piano. Il attendrait Anne-Marie Stretter, ou plutôt son fantôme. Il commencerait à jouer et la musique viendrait accompagnée d'une voix. Une musique que l'on n'oublierait pas, impossible.
Chanson, / Toi qui ne veux rien dire / Toi qui me parles d'elle / Et toi qui me dis tout /
Ô, toi, / Que nous dansions ensemble / Toi qui me parlais d'elle / D'elle qui te chantait /
Toi qui me parlais d'elle / De son nom oublié / De son corps, de mon corps / De cet amour là / De cet amour mort
Chanson, / De ma terre lointaine / Toi qui parleras d'elle / Maintenant disparue
Toi qui me parles d'elle / De son corps effacé / De ses nuits, de nos nuits / De ce désir là / De ce désir mort
Chanson, / Toi qui ne veux rien dire / Toi qui me parles d'elle / Et toi qui me dit tout / Et toi qui me dit tout
Entrant dans la salle panoramique de l' Hôtel du Belvédère à l'occasion des Rencontres Cinématographiques de Cerbère-Portbou, dans ce qui m'apparaît être un décor, j'ai l'impression soudaine que c'est le soir du bal, qu'Anne-Marie Stretter... C'est un endroit de cinéma cet endroit-là. Mais quel film y tourner ? Aujourd'hui le vent est fort, on l'entend. Et puis aussi le bruit de la mer qui est en contrebas. Celui des wagons et des trains aussi, de l'autre côté. Là-bas, si loin, si proche, sur la crête, c'est la frontière franco-espagnole. Sur l'autre versant, Portbou. Une réception est-elle prévue ? Pour qui ? Je n'en saurai rien.
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Paroles d'India Song, Marguerite Duras.
LIBELLÉ :
au fil des jours...,
ici,
littoral,
méditerranée
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Tant de fantômes… On en connaît des images et ton joli texte nous dit combien c'est aussi de sons qu'il s'agit, la mer, le vent, ce qui reste finalement d'inchangé dans le dialogue avec le monde extérieur de ce qui ressemble aujourd'hui à un décor déserté. Je me souviens que c'était quelque chose qui m'avait déjà marqué cet été ici :
RépondreSupprimerhttp://www.franceinter.fr/emission-il-existe-un-endroit-a-lhotel-belvedere-du-rayon-vert-a-cerbere-dans-les-pyrenees-orientale
Lieu magique que j'aimerais connaître… Merci Alain !
Est-ce que c'est le lieu qui est magique où ce qu'on en dit, ce qu'on en montre ? L'émission de France Inter déjà en faisait un peu l'allégorie. On donne toujours l'image ressentie de ce que l'on voit. Ici le lieu est un peu en perdition... Quatre ou cinq chambres (je ne les connais pas), un festival de cinéma qui rassemble gross modo une vingtaine de personnes (réalisateurs et invités compris) et qui survit, je me demande, par je ne sais quel tour de passe-passe (la foi peut-être).
SupprimerOn aura compris que cet endroit m'emmène loin, très loin, à chaque fois que j'arrive à Cerbère et que j'ai peur d'en avoir trop dit/montré de mon émotion qui rendrait "l'histoire" plus belle qu'elle n'est en réalité.
Mais j'espère que non.
Un jour j'irai c'est sur…
RépondreSupprimerCela me fait peur quand on dit/écrit "un jour j'irai". On dit cela, on le pense très sincèrement et puis, et puis le temps passe, on oublie ce que l'on s'était promis de faire, on oublie les endroits.
SupprimerVos interventions me remettent en mémoire un autre lieu, en Ardèche où je me promets, depuis 2009, d'aller... et puis aujourd'hui je suis obligé de rechercher le nom de ce lieu - un lieu de film - et je me dis, et je me redis "un jour j'irai" et j'ai peur d'oublier encore une fois d'y aller pour de bon.
Pour India Song la lumière est trop crue , trop violente. India Song c'est la mousson, la moisissure, la chaleur qui ne faiblit pas. Les langueurs, la peau des femmes très pâles.
RépondreSupprimerPour moi il n'y a pas de magie à Cerbère. C'est un lieu déserté...abandonné, ripoliné en couleurs malabar à l'étage. Frisquet... et sans petit déjeuner face à la mer... Il faudrait que quelqu'un reprenne ce lieu, lui donner une autre vie.