Berlin/Bernauer Straβe - dimanche 13 septembre 2009
J'ai souvent, très souvent, parcouru la Bernauer Straβe. En août 1988.
Je n'y voyais qu'un mur, sans au-delà. Quelques croix pour indiquer où et quand la douleur s'était inscrite pour toujours.
Derrière se trouvait pourtant un no man's land inconnu puis un deuxième mur qui, dans une certaine partie de la rue jouxtait très précisément le Friedhof der Sophiegemeinde, un cimetière protestant fermé aux visites - trop bien situé et donc propice à une fuite cependant hypothétique - pendant ces années-là, toutes ces années-là. Les morts ont dû terriblement souffrir de cette solitude supplémentaire.
Aujourd'hui, je reviens pour la première fois sur ces lieux et je vois devant moi la lente disparition de cette histoire. Quelques vestiges demeurent, l'imagination fait le reste que des lectures viennent heureusement corriger.
Au fil des années, depuis 2009, nous investirons la ville sans oublier toute cette Histoire, mais néanmoins en s'attachant de plus en plus à ce qu'elle est devenue - que Berlin ne soit pas qu'un Mur, fut-il avec majuscule - avant de nous en détacher peut-être un jour, dans quelques années quand elle sera devenue une ville comme une autre avec tout ce qui fait se ressembler toutes les villes, un peu plus chaque jour.
Je ne crois pourtant pas que cela nous arrivera. Nous sommes trop liés à cette ville, sans vraiment savoir pourquoi, et sans chercher à le savoir...